Interview d'un libraire-blogeur: Claude Amstutz


Quelques questions pour parler de votre blog.

Pourquoi un blog  et avez-vous rencontré des difficultés techniques ?
Le blog est un espace de liberté, de découverte, de passion. Celle de transmettre surtout. De ne pas oublier. Sur le site qui héberge mon blog – le même que JLK – c’est très facile pour un novice comme moi. Seule la fonction « recherche » n’est pas au top, mais je fais avec !
Quels sont les liens que vous entretenez avec l'informatique?
Une philosophie très Mac : je ne cherche pas à comprendre comment ça marche. Je suis simplement content que ça marche. L’aspect technique – problèmes – m’exaspère.
Vous avez switché pour Mac, êtes-vous toujours content de votre choix ?
Oh oui. L’approche est plus ludique, simple et intuitive pour ce qui touche mes activités.
Quels sont les critères de choix de sujets sur votre blog ?
Il n’y a rien de prémédité et la « formule » a évolué avec le temps, depuis les débuts en 2009. De simple critique de livres aimés au départ, est apparu plus tard le « bloc-notes » - présentation longue d’un livre ou  fantaisie littéraire  - « le poème de la semaine » - auteurs francophones du XXe siècle -, « la citation du jour » ou la rubrique « in memoriam »  où je parle d’auteurs souvent oubliés, même dans nos librairies ! 660 notices environ, enrichies d’interviews, de vidéos, de films. Avec « La musique sur FB » il s’ouvre depuis le début de cette année à la musique – classique - avec 160 extraits à ce jour.
Existe-t-il un type d'article que vous aimez particulièrement ?
Ceux qui mettent en évidence les contradictions personnelles, les confrontations avec la modernité, l’enracinement spirituel. Je l’ai fait avec « La chute » de Camus par exemple, « Albergo Italia » de Guido Ceronetti ou « Lettre à un jeune libraire »
Vous relisez beaucoup, vous lisez beaucoup, comment arrivez-vous à trouver le temps d'être si régulier dans l'écriture d'articles.
Je dors (trop) peu… Et j’aime lire et écrire. Un plaisir et un besoin. Une manière comme une autre de conjurer la mort, de faire reculer l’oubli.
 Voyez-vous le blog comme un complément dans votre travail de libraire ?
Je vais peut-être vous décevoir, mais non : ce n’est pas complémentaire. La démarche est autre, sans aucun souci commercial. Il y a par contre des répercussions dans mon travail, intéressantes mais faibles en terme d’impact. La poésie par exemple, les classiques – Valéry,  Mauriac, Supervielle ou Vian -  intéressent un nombre restreint de lecteurs en librairie, alors que sous FB c’est tout le contraire : ce sont les nouveautés qui souvent rencontrent un faible écho…
Quand vous serez à la retraite, aurez l'impression que grâce à votre blog, vous gardez un pied dans le monde du livre ?
Certainement, et même sans blog, ce serait le cas ! Je créerai de nouvelles rubriques avec une variante de « abécédaire » où je partagerai mon ressenti  personnel aux bruits du monde, une anthologie de la poésie étrangère contemporaine, une place plus grande accordée aux classiques…

Vous êtes un contributeur  régulier du Passe-Muraille ( revue romande de littérature dont le rédacteur en chef est Jean-Louis Kuffer) êtes-vous dans la même démarche qu'avec votre blog. Rédigez-vous de la même façon ?
Oui, les articles sont souvent repris in extenso de mon blog. C’est un espace de liberté qui ne fait aucune concession aux modes. Dans le cas contraire, je n’aurais pas rejoint ce groupe de passionnés de tous âges qui ressemble à une 2e famille. Un seul regret : sa non-diffusion en librairie…
Quels sont les liens qui s'établissent entre les visiteurs du blog et vous. Certains vous retrouvent sur Facebook ?
Sensibles, spontanés, simples. Une seule règle d’or : je réponds toujours – en privé – à un commentaire. Le relais via Facebook est très gratifiant. Les réactions y sont en live, et prêtent parfois à polémique : à propos de Céline par exemple ou du mime Lindsay Kemp ! 
Les hébergeurs de blogs fournissent des outils pour analyser selon différents critères la fréquentation des blogs, comment les utilisez-vous ?
Au plus simple. Je ne cherche à battre des records. En revanche, les liens sont culturellement très forts avec la France, la Suisse, l’Italie, le Canada ou l’Afrique du Nord.
Savez-vous combien de visiteurs a votre blog, par exemple pour un mois ou une semaine ? Savez-vous de quelles régions ces derniers viennent-ils ?
Les visites sont environ de 5'200 à 6'200 par mois – 190 par jour en moyenne – pour 11'000 à 17'000 pages consultées par mois.
A l'ère de la blogosphère, pensez-vous que la multiplication des blogs est-elle un avantage pour l'individu qui peut ainsi partager sa passion pour un ou plusieurs sujets, ou bien qu'au contraire cette multitude réduit la portée de partage en augmentant les plateformes sources d'informations ou de partage ?
C’est une richesse partagée – les blogs sur FB surtout - mais elle peut devenir une prison. On ne peut suivre les sites de tout le monde. Je me fixe une limite de temps : 30 minutes ! Mais pour une quinzaine de bloggeurs passionnants, je suis leur actualité. Ils sont devenus des amis de cœur. Le contraire du virtuel…
Comment filtrez-vous les commentaires que ce soit sur votre blog ou sur votre page Facebook ?
Pas de filtre sur FB. En revanche, sur « La scie rêveuse » je n’accepte pas les commentaires hors de propos ou insultants – cela arrive rarement, mais tout de même ! – détestant ces opinions/spectacles à la Pierre Assouline où après 15 avis ou commentaires, il n’y a plus aucun rapport au sujet…
Vous partez à la retraite au mois de février
A cette date, j’ouvrirai la porte de mon blog à quelques coups de cœur de mes collègues de Nyon, une façon de les remercier pour leur amitié et leur sensibilité à la littérature, même si nous ne sommes  « que du vent sur une page » (Marco Lodoli), après tout !

Aucun commentaire: